Légende du serpent

Mercredi 29 juillet 2009, par Fil — Historique (Bel Air) 2 commentaires

Extrait de La Condita, (1867), pp. 113 et 114.

Une légende populaire, très-répandue dans le Vendomois, se rattache à ces lieux.

Jadis, dit la naïve tradition, habitait dans une des cavernes du rocher un monstrueux serpent qui rendait la route dangereuse. Un prince de la contrée, condamné à mort par les païens, proposa d’en délivrer le pays, et cette victoire devait lui valoir sa grâce. Alors, monté sur un char armé de roues tranchantes, de lances et de faux, le champion lança ses coursiers à toute bride au moment où le terrible serpent traversait le chemin pour boire à la rivière du Loir.

Ce dragon était si prodigieux, dit-on, que sa queue était encore engagée dans les replis tortueux de son antre pendant que sa tête touchait la rivière. Or la distance n’est pas moindre de 60 mètres. De cette façon les roues coupèrent le monstre en trois énormes tronçons, qui, chose merveilleuse ! se mirent à poursuivre les coursiers jusqu’à la vallée dite de l’Echappé, à la distance de 8 kilomètres de Saint-André.

La légende du serpent est une allégorie. Les serpents ou dragons exterminés dans le Vendomois sont l’image poétique de la destruction des sanctuaires druidiques. On retrouve en effet dans cet endroit, comme en tous les lieux vénérés par le druidisme, des marques du triomphe du christianime ; il existe à Saint-André une antique chapelle taillée dans le roc, et où l’on a plusieurs fois découvert des sépultures. Cet oratoire, qui sert aujourd’hui d’habitation, était placé sous l’invocation du saint qui a donné son nom au village, et paraît avoir été le premier berceau du christianisme dans cette contrée.

Voir le reste du chapitre Saint-André dans Historique du Fort, selon Neilz.


Vos commentaires :

  1. Le 29 juillet 2009 à 00:19, par baroug

    Il faudrait que je trouve une référence précise mais il existe une autre version, plus globale. En gros, le concept c’est que la "première" religion, quasi-universelle (probablement préhistorique), celle de la déesse mère, avait un rituel principal à caractère serpentaire. Trois femmes (ou leurs avatars), une vierge, une mère, et une vieille, étaient chargées d’initier les hommes aux mystères de la déesse mères, parées de peaux de serpent.

    Saint-Georges et le dragon, et des tonnes d’autres histoires dont celles-ci seraient donc plutôt les métaphores du christianisme détruisant la foi la plus ancienne — à laquelle il est vrai, était rattaché le culte druidique. Mais quand on met en relation ce rituel matriarcal avec la Genèse et Eve initiant Adam à la connaissance après avoir elle-même été initiée par le serpent, on peut convenir que ça relève d’un cadre plus large que celui des celtes.

  2. Le 22 avril 2011 à 12:39, par Fil

    J’ai visité ladite chapelle où l’on trouvait des sépultures.

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