Samuel (Paul de Musset)

Jeudi 27 août 2009, par Fil — Historique 1 commentaire

Paul Edme de Musset (1804-1880), le frère d’Alfred, a écrit en 1837 un joli livre intitulé Samuel, roman sérieux.

Au chapitre III, le héros vient au Gué prendre possession du manoir de “la Bienvenue” (la Bonnaventure) dont il vient d’hériter.

Le soleil était levé depuis deux heures au plus et tout dormait encore au château de Beauroc lorsqu’une chaise de poste qui sortait de Vendôme par la route de Saint-Calais passa près des grilles de ce château, et se dirigea, à travers la plaine, vers le Gué-du-Loir.

Si l’homme qui voyageait dans cette chaise se fût trouvé dans une disposition d’esprit plus calme, il n’aurait pas manqué d’admirer la richesse et la variété du pays qui change d’aspect à tout instant ; les côteaux couverts de bois, au milieu desquels on découvre une quantité de hameaux et de villages, et qui forment un bassin de six lieues, où le Loir promène ses eaux paisibles, tantôt en s’approchant jusqu’au pied d’une montagne, tantôt en traçant de belles courbes dans la plaine, comme une comète qui serpente dans le ciel ; mais l’homme était pressé d’arriver, et ne se souciait guère de la beauté de la campagne.

Lorsqu’on se trouve au Gué-du-Loir, la route, serrée étroitement entre la rivière et une chaîne de rochers élevés, devient pittoresque et dangereuse. Des fragments de grès considérables se détachent souvent et vont s’abîmer en traversant le chemin. Plus d’une fois, le dimanche soir, des paysans avinés ont disparu dans les eaux profondes et silencieuses du Loir, malgré les noyers prodigieusement gros qui bordent le chemin et soutiennent les terres. Ce caprice de la rivière est d’autant plus perfide, que les vignerons du pays ont creusé leurs caves dans les rochers, ce qui les expose sans cesse à franchir ce passage difficile après boire.

Samuel jeta bien sur ce beau site, qu’il n’avait pas vu depuis dix ans, un regard affectueux, comme à un vieil ami ; mais il était pressé d’arriver à sa jolie maison de la Bienvenue, dont il apercevait une tourelle au milieu des arbres, et il ne remarqua pas même la belle sentence écrite par le sacristain philosophe sous le cadran de l’église : « Passants qui passez, l’heure passe. » — Ce qui l’aurait assurément porté à réfléchir sur la brièveté de la vie.

— À lire sur Google Books
— Éléments biographiques sur http://www.cosmovisions.com/Musset.htm

  • Portrait d’Alfred de Musset

Vos commentaires :

  1. Le 30 août 2009 à 22:28, par Alice

    Boire ou Le Loir franchir, il faut choisir !

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