Historique du Fort, selon Neilz

Vendredi 31 juillet 2009, par Fil — Historique (Le Fort)

La Condita de Neilz consacre un chapitre presque entier au Fort. Mais tout d’abord, p. 112, il nous donne une indication sur l’origine du nom du ruisseau « le Boulon » :

Le droit de pêche dans la rivière d’Azé, si renommée pour ses truites saumonées, appartenait, depuis Azé jusqu’au Gué-du-Loir, au seigneur de Boulon et la Houlière, par une concession d’Antoine duc de Bourbon, à la date de juillet 1561.

 

Viennent ensuite les pages 113 à 117, qui évoquent d’abord rapidement le coteau Saint-André :

Saint-André

L’antique condita de Naveil étendait ses limites au sud jusqu’au hameau de Saint-André, à l’extrémité de la paroisse de Villiers. Là, en effet, le coteau à pic, les rochers abruptes et élevés formaient comme une barrière naturelle qui servait de délimitation entre le territoire de Naveil et l’ancienne municipalité de Mazangé, qui fut depuis prévôté de l’église de Chartres. On retrouve dans la côte de Saint-André quelques restes de grottes taillées dans le roc sur le modèle des grottes du Breuil, de Lavardin, des Roches et de la Poussinière de Saint-Rimay, grottes qui ont été prises, sinon pour des temples druidiques, au moins pour des habitations gauloises. Celles de Saint-André sont en partie détruites par le travail des hommes et des années.

Ici est contée la légende du serpent.

Nous ne quitterons pas Saint-André sans signaler les produits botaniques rares de sa côte : le pastel, la garance, le figuier sauvage y croissent spontanément. Il existe aussi d’excellentes carrières à la base et dans les flancs du rocher.

 

Puis Neilz écrit l’historique du Fort des Anglais :

A quelque distance de Saint-André, sur la même côte, près du hameau du Gué-du-Loir, un autre lieu, le Fort, possède encore des souvenirs historiques. Les débris qu’on y retrouve appartiennent à cette époque désastreuse où le Vendomois servait de frontière aux possessions anglaises. Ce fort, où casernaient les troupes du roi de France, répondait à l’importance du passage aux confins de deux puissances ennemies qui se faisaient une guerre continuelle.

Ingénieusement creusé dans l’angle d’un rocher à pic qui s’élève à plus de 30 mètres au-dessus du Loir, il dominait tout le val, et défendait le passage du Gué. Au midi, le pied pouvait être baigné par la rivière, et son front, qui surplombait sur les eaux, devenait inaccessible. Au nord la roche se termine brusquement à son sommet, et lui forme une défense naturelle qui en rendait aussi l’accès impossible de ce côté. A l’extérieur de ce redoutable bastion, tous les créneaux et les meurtrières s’ouvraient dans le roc, et il n’existait dans ce travail que quelques faibles partie de maçonnerie. A l’intérieur, les étages se composaient de différentes pièces taillées dans le roc, superposées et communiquant entre elles par des escaliers également ouverts dans le roc. D’autres galeries étroites et sinueuses communiquaient aux différents angles de la montagne, où elles avaient jour par des meurtrières, et pouvaient servir de postes d’observation. D’autres enfin étaient des chemins secrets propres à ménager une sortie en cas de surprise ou de retraite. Enfin la disposition de ces travaux était calculée de manière à ce qu’un seul puits percé à l’intérieur puisse alimenter tous les étages.

Le Fort, vu de la terrasse de Bel Air

Ce fort s’était à peu près conservé intact jusqu’en 1823, époque où la base du rocher ayant fléchi, toute la partie saillante qui formait le bastion fut entraînée dans la chute. Cet éboulement mit à découvert un caveau qui renfermait des boulets en fonte de gros calibre. Aujourd’hui il ne reste plus que quelques parties des distributions intérieures ; à l’étage supérieur, de vastes ouvertures sont demeurées béantes au-dessus de l’abîme, et quelques faibles pans de murs entrecoupés de meurtrières sont encore debout. A la base ont été pratiquées des habitations nouvelles.

La construction de ce fort remonte au plus tard à l’année 1420 ou 1421, époque pendant laquelle Charles VII, roi de France, fit tour à tour sa résidence aux châteaux de Vendôme et de Lavardin. En effet, en 1421, Henri V, roi d’Angleterre, d’intelligence avec le duc de Bourgogne contre le roi de France, après avoir quitté Le Mans, s’était retiré vers Chartres. De là s’étant avancé vers le Vendomois, il se disposait à franchir le Loir au Gué pour s’emparer des châteaux de Vendôme, Lavardin, etc. Mais les troupes du roi de France qui tenaient le fort se postèrent sur les hauteurs. Cette position, qui nous rappelle le camp de César à Sougé, était excellente. Le plateau qui fait saillie comme un promontoire était défendu au midi par le fort, au levant par la curieuse Butte-de-Boulon, et commandait les vallées au nord et au couchant. L’avant-garde des Anglais, qui s’était engagée dans l’embouchure de la vallée, attaquée sur son flanc gauche, fut culbutée et massacrée aux abords du gué, dans un lieu désigné par la tradition et que les habitants appellent encore, à cette occasion, Pré des Anglais, et par corruption, Pré d’Anglas. Le gros de l’armée anglaise, commandé par Henri V en personne, remonta alors vers Danzé, pilla et détruisit les importants châteaux du Rouillis et de Rougemont.

 

Récit à mettre en regard de l’historique dressé par Pierre Renouard en 1811.


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