1871 par Von Moltke

Dimanche 16 août 2009, par Fil — Historique

Chef d’état-major de l’armée allemande de 1906 à 1914 — et considéré comme un des responsables du déclenchement de la guerre de 14-18 —, le maréchal comte Helmut Von Moltke et un vétéran de l’armée prussienne. Il livre dans La Guerre de 1870 (trad. Ernest Jaeglé) une histoire de cette guerre, vue du côté prussien. Voici le fragment de chapitre qui concerne Mazangé et le Gué du Loir.

Texte intégral : http://fr.wikisource.org/wiki/Livre..., voir pp. 328 et 329.

6 janvier 1871

Le général commandant en chef le IIIe corps avait résolu de s’arrêter ce jour-là en avant de Vendôme et de ne faire passer le ruisseau d’Azay qu’à sa seule avant-garde ; mais celle-ci rencontra bien vite une résistance si vive que le gros du corps dut marcher à son secours. Afin de dégager le général de Curten, le général de Jouffroy avait dirigé une nouvelle attaque contre Vendôme et quand l’avant-garde de la 5e division arriva, à 1 heure et demie, a Villiers, elle y trouva le 10e bataillon de chasseurs qui avait suivi son corps en longeant la rive droite du Loir, ayant à soutenir, depuis quatre heures, une lutte des plus acharnées. Les deux batteries furent mises en position sur le plateau au nord de la localité et le 48e régiment d’infanterie se porta vivement en avant jusqu’au versant du cours inférieur du ruisseau d’Azay. La vallée fort large et toute en prés était commandée par le fusil Chassepot a longue portée des Français et, de plus, battue par leur artillerie dans le sens de la longueur. Aussi leurs lignes de tirailleurs fort denses prirent-elles l’offensive. D’abord on fit avancer le 8e régiment pour soutenir les troupes engagées ; après une lutte fort courte, a l’aile gauche, il s’empara du gué du Loir ; puis arriva la 10e brigade d’infanterie, et successivement l’artillerie vit s’accroître le nombre de ses pièces de façon qu’elle en eut finalement 36 au feu. L’artillerie française ne put lui tenir tête et, une demi-heure après, elle put se mettre à canonner l’infanterie. A 4 heures et demie les bataillons franchirent le fond de la vallée ; ils s’emparèrent des vignobles et des fermes situés sur la côte opposée et finalement ils enlevèrent Mazange. A la faveur des ténèbres, les Français se dérobèrent en se dirigeant sur Lunay.

Plus à droite l’avant-garde de la 6e division avait trouvé au moment même ou elle débouchait de Vendôme, à 11 heures, le bataillon que le X° corps avait laissé posté à Courtiras, engagé à fond contre des forces ennemies considérablement supérieures. La 11e brigade continua à avancer, non sans éprouver des pertes graves, vers la coupure d’Azay, et quand à 3 heures et demie elle eut été rejointe par la 12e et que l’artillerie eut ouvert un feu des plus efficaces, on parvint à enlever Azay et à s’établir sur les hauteurs situées de l’autre côté. On repoussa avec succès différents retours offensifs de l’ennemi et à 5 heures la lutte prenait fin, les Français battant en retraite.

Le IIIe corps d’armée s’établit dans des cantonnements entre le ruisseau d’Azay et le Loir. Un détachement occupait Danzé, situé plus en amont. Le corps avait perdu 39 officiers et plus de 400 hommes, mais par contre il avait fait 400 prisonniers.

Le IXe corps franchit ce même jour, sans qu’on lui opposât de résistance, le cours supérieur du Loir à Fréteval et à Saint-Hilaire et se porta en avant sur la grande route de Saint-Calais jusqu’à Busloup. Le XIIIe avait fait halte à Unverre, Beaumont et la Fourche.

L’attaque exécutée par les Français à Saint-Amand et la résistance opiniâtre qu’ils opposèrent à Azay ne parvinrent pas à faire abandonner son dessein au prince Frédéric-Charles. (...)


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